EVOLUTION TERRE-MER DES MARGES INDIENNES DU PLATEAU SUD-AFRICAIN - ÉTUDE COUPLEE STRATIGRAPHIQUE ET GEOMORPHOLOGIQUE
Résumé
Le plateau Sud-Africain (ou Kalahari) s’étend depuis l’Afrique du Sud jusqu’à l’Angola
sur plus de 2000 km. Son extension de très grande longueur d’onde, impliquant des processus mantelliques
encore mal compris, en fait le plus grand plateau anorogénique du monde. Il est séparé d’une
frange côtière dégradée et étroite (100 km) par un escarpement qui culmine à une topogra- phie
moyenne comprise entre 1 000 et 1 500 m d’altitude.
L’origine de cet escarpement qui caractérise l’amont du relief des marges sud-africaines est
très débattue. D’un côté, les géomorphologues l’interprètent comme un relief hérité de surrections
successives qui alternent avec des phases d’érosion par retrait d’escarpement, pendant la fin de
l’intervalle Cénozoïque (King, 1982 ; Partridge & Maud, 1987). A l’inverse, les données
thermochronologiques et les modèles numériques d’érosion (Gallagher & Brown, 1999; Van der Beek
et al., 2002) suggèrent qu’il s’agirait d’un relief ancien, hérité de la phase de rift au Crétacé
inférieur.
L’objectif de cette étude est de discuter l’origine et l’évolution de l’escarpement du
Plateau Sud-Africain à partir d’une double approche, basée sur : (1) l’analyse stratigraphique de
lignes sismiques marines le long de la marge Indienne d’Afrique australe (depuis la plaine du
Limpopo, jusqu’au cône de la Tugela) ; (2) l’analyse des formes du relief en amont de la marge
(chronologie relative des formes du relief, datation par intersection avec le volcanisme et les placages
sédimentaires préservés).
Les premières conclusions de notre étude sont les suivantes :
• La frange côtière en amont de la marge Indienne d’Afrique australe est formée d’un emboitement
de 5 générations de surfaces d’aplanissement (pédiments).
• L’essentiel du relief préservé en amont de la marge est d’âge Crétacé supérieur. Il est à rattacher
à deux grandes phases de surrection, associées à la mise en place de deux prismes de régression forcée du
deuxième ordre : un à la transition Cénomanien-Turonien (90-95 Ma) et un à la transition
Maastrichtien-Paléocène (~66Ma).
• L’escarpement du plateau aurait donc une histoire polyphasée mais serait probablement un relief
hérité du Crétacé supérieur.
• La topographie actuelle de l’amont de la marge serait acquise pendant le Cénozoïque, avec un
paroxysme de déformation à la transition Lutétien-Bartonien (~40 Ma).