Une privation maternelle précoce influence l’expression du comportement maternel ultérieur chez la caille japonaise
Abstract
Le développement comportemental d’un individu est fortement influencé par son environnement postnatal, dont la mère constitue un élément fondamental. Chez les mammifères, une privation maternelle précoce induit de profondes conséquences sur les caractéristiques comportementales de ses jeunes à court et à long termes, induisant notamment une altération des comportements maternels ultérieures. Si, chez l’oiseau, de précédentes études ont mises en évidence des effets d’une privation maternelle sur le développement émotif et social des jeunes, l’impact de cette privation sur le comportement maternel reste méconnu. Ce travail se propose d’analyser, chez la caille japonaise (1) les caractéristiques comportementales de femelles adultes privées de soins maternels précoces, (2) leur comportement maternel, et enfin (3) les caractéristiques comportementales des jeunes à l’issue de la période de maternage. Nos résultats montrent que la privation maternelle précoce a un impact à long terme sur les caractéristiques comportementales des femelles. Une fois adultes, ces femelles non maternées sont plus émotives, montrent une moindre motivation sociale et de moindres capacités cognitives que les femelles maternées. Lorsqu’elles élèvent des jeunes, les femelles non maternées sont plus actives, montrent plus de stéréotypies et ne semblent pas avoir acquis un modèle temporel de maternage. Toutefois, il n’y a pas d’autres différences quantitatives et qualitatives de soins aux jeunes entre les femelles des deux lots (temps passé à réchauffer les jeunes, postures de réchauffement adoptées). A l’issue du maternage, les cailleteaux ayant été élevés par une femelle non maternée sont, à l’instar de leur mère, plus émotifs. En outre, ils sont plus sensibles lorsqu’ils sont séparés de leur fratrie que les jeunes élevés par une femelle maternée. La privation maternelle précoce chez la caille a donc un impact sur le comportement des femelles à l’âge adulte, mais son influence sur l’expression du comportement maternel se révèle moins néfaste que chez les Mammifères.