Plasticité vocale sous influence sociale chez deux espèces de cercopithèques sauvages
Abstract
Quelles sont les racines phylogénétiques de la capacité de l’Homme à contrôler sa production vocale tout en apprenant des autres? Cette capacité ne fait pas clairement partie des caractéristiques traditionnellement associées à la communication vocale des primates non humains, même si de récentes découvertes en neurobiologie ont révélé qu’une prédisposition à un contrôle moteur de la production vocale semblait exister. Ici, nous avons étudié la capacité à modifier la structure acoustique d’un cri sous influence sociale chez deux espèces de cercopithèques forestiers sauvages. Tout d’abord, nous avons étudié la relation entre les affinités sociales et la similarité vocale des cris de contact chez les femelles mone de Campbell. Nous avons trouvé une corrélation significativement positive entre la force du lien social et le degré de similarité acoustique des cris, indépendamment du degré de proximité génétique, suggérant que les développements vocaux et sociaux sont liés. Dans un second temps, nous avons étudié la capacité des femelles Diane à modifier de manière immédiate la structure de leurs cris de contact pour s’adapter au contexte social, un phénomène connu chez l’Homme sous le terme d’accommodation vocale. Les femelles divergent vocalement les unes des autres lorsqu’elles se déplacent dans un habitat où les conditions de visibilité sont mauvaises, mais convergent au moment des interactions vocales affiliatives. Une femelle répond à une autre en utilisant une structure acoustique similaire. Même si des facteurs génétiques semblent déterminer le répertoire général d’une espèce, certains types de cris restent modifiables grâce à un apprentissage vocal socialement guidé, suggérant que l’évolution du langage pourrait être le fruit d’un processus semblable.