Influence de l’environnement physique et social sur la structure acoustique des cris chez le Cercopithèque Diane femelle (Cercopithecus diana diana)
Résumé
Bien que des études aient été menées sur les propriétés sémantiques des cris forts des cercopithèques mâles, le répertoire vocal des femelles reste très peu connu. Elles forment pourtant le noyau du groupe social, dont l’organisation repose sur des échanges vocaux fréquents dans un habitat visuellement limité. La fonction de ces échanges vocaux est encore largement incomprise à l’heure actuelle, mais les paramètres physiques et sociaux de l’environnement semblent influencer fortement la structure acoustique des cris. Nous avons testé cette hypothèse chez deux groupes de singes Diane habitués (Parc National de Taï, Côte d’Ivoire), au sein desquels neuf femelles adultes ont été observées pendant 3 mois. Des analyses acoustiques et contextuelles ont révélé l’existence de plusieurs types et sous-types de cris. En effet, les femelles émettent un type de cri d’alerte en réponse à diverses perturbations de l’environnement, ainsi qu’un type de cri de cohésion qui comporte plusieurs sous-types. L’émission de ces sous-types varie en fonction de facteurs sociaux (position dans le territoire, activité du groupe, rencontre intergroupe) ainsi que des propriétés de l’habitat (luminosité, densité de la végétation). Par ailleurs, le sous-type associé aux contextes où la cohésion sociale doit être renforcée (visibilité réduite, compétition intergroupe, période d’activité sociale et de repos) présente des différences acoustiques individuelles. Nos résultats suggèrent que la difficulté d’étudier les cris de faible intensité des singes forestiers a conduit à sous-estimer la complexité de leurs capacités de communication.