La découverte des gorilles et de leurs comportements dans la nature : Paul B. DU CHAILLU, un explorateur-naturaliste hors du commun (1831-1903).
Abstract
Bien que le nom du gorille soit connu depuis l’antiquité, c’est seulement en 1847 que l’espèce fut décrite
par Savage & Wyman, grâce au crâne collecté par le missionnaire L. Wilson. A cette époque, Du Chaillu
apprend la taxidermie à Paris. Il rejoint son père au Gabon en 1848 – Il a 17 ans. Le hasard va le mettre
en contact avec les Wilson. Auprès d’eux, il s’éduque, apprend l’anglais, se sensibilise aux explorations
africaines, à la découverte des grands singes. Il développe ses talents de naturaliste et son gout de
l’exploration. Mais il fréquente aussi les Mpongwé, résidants de la côte et apprend leur langue. Les
Wilson l’incitent à partir aux Etats-Unis où il entre en relation avec des zoologistes auxquels il apporte
les spécimens d’animaux récoltés au Gabon. Grâce à ces contacts et à ses talents il revient au Gabon pour
sa première mission scientifique et y séjourne de 1855 à 1859. En quatre ans, il va explorer les régions
côtières et remonter le fleuve Fernan-Vaz , ses affluents, et s’enfoncer à l’intérieur des terres à 200
km de l’embouchure du fleuve. Il parcourt plus de 10 000 km et passe des milliers d’heures en forêt. Il
consacre tout son temps à la chasse. Il s’intéresse à toute la faune mais surtout aux gorilles qu’il traque
sans relâche. Il rapporte un nombre considérable d’observations inédites sur cette espèce: mode
privilégié de déplacement au sol en position quadrupède; régime alimentaire végétarien; milieux
fréquentés qu’il compare avec ceux des chimpanzés ; taille et composition des groupes sociaux & enfin
ses comportements & tout particulièrement ceux du mâle adulte face au chasseur. Il récolte ainsi de
nombreux spécimens, qu’il étudie sur place, puis qu’il prépare à destination du British Muséum. Si la
publication de son premier ouvrage en 1861 est un succès, elle déclenche aussi de violentes critiques,
plus spécialement des milieux scientifiques. Accusé d’affabulation, de falsification, Du Chaillu en est
ulcéré, mais reçoit l’appui de l’intelligentsia américaine et anglaise et de certains scientifiques. Grâce à
eux il va organiser une seconde mission de 1863 à 1865. Il pénètre plus avant à l’intérieur du Gabon et
s’éloigne de la côte de 350 km. Bien armé contre les accusations portées contre lui, il repart avec les
moyens techniques lui permettant de justifier ses positions. Il complète ainsi ses observations
précédentes. Il s’aperçoit que les gorilles ne vivent pas en couple mais en groupe d’une dizaine d’individus.
Son second ouvrage publié en 1867 complète ou rectifie ses premières observations. La notoriété qu’il
acquiert lui permet de participer aux débats houleux entre les scientifiques sur la proximité relative des
grands singes et des hommes. Nous conclurons en examinant la fiabilité de ses observations, au regard
de nos connaissances actuelles, en discutant des arguments des ses contempteurs et de ses partisans.