Des Hominidés dans la savane : Une Hypothèse testée grâce à la P.A.E.
Abstract
L'hypothèse des origines et de l'adaptation de la famille des hominidés à la vie dans un milieu ouvert, la
savane, est devenue un véritable dogme en paléoanthropologie. A cause de cela, elle n'a jamais été
véritablement testée. Cependant, des travaux, notamment en morphologie fonctionnelle de l'appareil
locomoteur, soulignent l'arboricolisme des premiers hominidés. Dans l'étude proposée, les différentes
espèces d'hominidés et les faunes qui les accompagnent (primates, bovidés, carnivores, suidés) ont été
analysées par la méthode P.A.E. (Parcimony Analysis of Endimicity). La première partie de cette étude a
consisté à adapter la P.A.E., déjà utilisée pour la biogéographie des faunes forestières (Colyn et Deleporte),
aux groupes de faunes savanicoles. L'analyse concerne les faunes savanicoles de l'Afrique du sud et de l'est depuis 4 Ma (millions d'années).
Elle met en évidence deux foyers d'endémisme savanicole, l'un en Afrique du sud, l'autre centré sur
l'Ethiopie, et une zone intermédiaire, autour du lac Victoria, qui subit des influences depuis ces deux foyers.
Les trois époques retenues se situent entre 4 et 3 Ma, 2,5 et 1 Ma et l'actuelle. Les résultats obtenus
montrent une répartition des hominidés en accord avec celles des faunes savanicoles entre 2,5 Ma et
l'actuelle. Par contre, les australopithèques ne présentent pas une paléobiogéographie compatible avec
celle des faunes savanicoles entre 4 et 3 Ma. Cela suggère que le taxon Australopithecus afarensis recouvre
plusieurs espèces, et que leurs habitats respectifs, plus ou moins arborés, peuvent être la conséquence de
transgressions forestières dans la région du lac Victoria à cette époque ou auparavant.