Les partis antimaçonnique et populiste. Une approche démocratique du phénomène populiste aux États-Unis au XIXe siècle
Résumé
« L'hystérie anti-maçonnique de la fin des années 1820 ne fut pas une réaction à des dangers imaginaires […] L'idée selon laquelle la franc-maçonnerie menaçait les valeurs démocratiques et chrétiennes était alors une idée très répandue et reposait sur un certain nombre de faits palpables : 1°) la capacité des maçons à détourner la loi pour leur propre compte ; 2°) leur élitisme, réel ou supposé, dans un siècle qui n'avait d'autre ordre que servir l'homme du commun ; 3°) leur tolérantisme en matière spirituelle au plus fort de ce que l'on a appelé le Second Grand Réveil religieux ». S'il convient de prime abord de rappeler que le mouvement anti-maçonnique des années 1820 et 1830 fut bien une manifestation d'un conspirationnisme culturel aux États-Unis dans sa manière de dénoncer une omnipotence des francs-maçons, il apparaît en revanche peu satisfaisant de l'envisager comme David Brion Davis à la manière d'une « hystérie populaire » ou de Richard Hofstadter comme l'expression du « style paranoïaque ». En effet, l'appréhender de cette manière traduit incontestablement un présupposé intellectuel qui vise à défendre, chez les néoconservateurs de première génération , la thèse du consensus à un moment où des intellectuels comme Kristol, Glazer, Bell ou encore Hofstadter lui-même ont consommé leur rupture avec le communisme pour se rallier au « centre vital » et au libéralisme de Guerre Froide. Plus encore, cette interprétation du mouvement anti-maçonnique semble méconnaître, certes de manière moins nette chez Hofstadter que chez Davis, les raisons profondes du mouvement : une soif d'égalité face à des maçons apparaissant comme une « citadelle de privilégiés » , un rejet profond de la présidence d'Andrew Jackson, en particulier du projet de Banque des États-Unis, et un revivialisme religieux.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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