Archéologie du Littoral : témoignage patrimonial de la montée du niveau marin
Résumé
À partir du constat des effets négatifs des changements climatiques sur certaines zones littorales et d’un manque de prise en compte de la perte patrimoniale et scientifique qu’ils engendrent, plusieurs chercheurs réunis au sein du CReAAH (Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences et Histoire) ont développé depuis 2006 le projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement Terrestre). Il s’appuie sur un vaste réseau de bénévoles et de professionnels, permettant la signalisation et le suivi de ces sites littoraux. Cet outil de gestion du patrimoine littoral a pu être testé à une échelle régionale et a permis la mise en place de différents outils de signalisations des sites auprès des archéologues, notamment via une base de données interactive et une application mobile, s’intégrant ainsi pleinement dans une démarche de sciences participatives. Au sein de cette problématique globale, nous nous intéresserons ici plus particulièrement au cas des sites submergés de l’Ouest de la France qui constituent autant de jalons datés témoignant de la transgression marine qui s’est opérée au cours des 10 000 dernières années (Holocène). Ainsi, l’érosion marine (houle, courant), combinée à l’érosion éolienne, pluviale et à certains aménagements anthropiques, jouent sur la disparition à court ou moyen terme de ces sites. Un premier inventaire non exhaustif des sites archéologiques anciennement terrestres et aujourd’hui submergés a été réalisé sur le littoral breton. Plus d’une centaine de sites datant du Paléolithique à la Protohistoire et de natures diverses (habitats, mégalithes, tourbières… ; les pêcheries, plus difficilement datables, n’ont pas été retenues) ont ainsi été recensés. Cette remontée du niveau marin est particulièrement visible à travers certains sites, comme les deux cercles mégalithiques d’Er Lannic à Arzon (Morbihan) datés du
Néolithique, dont l’un est submergé en permanence ; l’habitat néolithique du Curnic à Guissény (Finistère) ; ou
encore l’atelier de boucherie néandertalien des Vallées à Pléneuf-Val-André (Côtes d’Armor).