Témoin d'échanges au Néolithique le long de la façade atlantique : la parure en variscite des tombes de l'ouest de la France
Abstract
Callaïs, as it was identified in the nineteenth century by archaeologists and mineralo-
gists, is a green mineral that has been used to produce ornamental beads and pendants
from the 5th millennium to the third millennium. Archaeological sites where callaïs arte-
facts were discovered are mainly located in Western Europe : Iberian Peninsula, South
and West of France. The green material generally appeared to be variscite, a hydrated
aluminum phosphate. It is now largely accepted that these elements of adornment,
most often found in funary contexts, are strong identity markers : the presence of these
jewelry reflects the high social status of the deceased within Neolithic human groups.
Our research program, initiated in the early 2000s, is focused on these adorn-
ments in view to determine their geographical origin on the basis of geoche-
mical analyses. Two groups of objects were investigated. First, geological and
archaeological samples from all the deposits known in Europe, whether their ancient
exploitation is attested or not. The second group consisted of beads and pendants
excavated from 50 Neolithic sites mostly in France and some in Spain and Portugal.
External-beam PIXE was used to characterize all artifacts and samples by pro-
viding simultaneously the concentration of 26 chemical elements without sam-
pling. The exploitation of the geochemical database of analyses of about
300 variscite samples allowed to develop an iterative model to assign a pro-
bable archaeological origin to the studied sets on the basis of their composition.
The analysis of objects from the Armorican peninsula showed that to make these pendants
and beads, Neolithic people did not exploit the nearest source of variscite (Pannecé in
Loire-Atlantique), but rather those of Iberian Peninsula (Querré et alii, 2013), highlighting
thus the circulation of raw materials and finished objects over hundreds of kilometers
La callaïs, identifiée au xixe siècle par les archéologues et les minéralogistes, est un
minéral vert qui a été employé pour confectionner des éléments de parure dès le Ve mil-
lénaire, coutume qui s’est prolongée jusqu’au IIIe millénaire. Les sites archéologiques
dans lesquels des artefacts en callaïs ont été découverts se situent essentiellement dans
l’ouest européen : péninsule Ibérique, sud et ouest de la France. Cette matière verte est
en général de la variscite, un phosphate d’aluminium hydraté. Il est maintenant acquis
que ces éléments de parure, le plus souvent découverts en contexte funéraire, sont des
marqueurs identitaires forts : les défunts auxquels sont associés ces parures possédaient
un statut social élevé au sein des groupes humains néolithiques parmi lesquels ils vivaient.
Un programme de recherches initié au début des années 2000 porte sur ces éléments
de parure afin d’en déterminer l’origine géographique sur la base d’analyses géochi-
miques. Deux groupes d’objets ont été analysés. Le premier est composé d’échantillons
géologiques et archéologiques provenant de tous les gisements européens connus dont
l’exploitation ancienne est attestée ou non. Le second groupe rassemble les perles et
pendeloques néolithiques de 50 sites situés la plupart en France et quelques uns en
Espagne et au Portugal.
La méthode PIXE par faisceau extrait, utilisée pour caractériser tous les objets et échan-
tillons, permet de déterminer 26 éléments chimiques simultanément sans prélèvement.
L’exploitation de la base de données géochimiques d’environ 300 analyses d’échantil-
lons de variscite permet d’élaborer un modèle itératif attribuant une origine probable
aux ensembles archéologiques analysés en fonction de leur composition.
L’analyse des objets provenant de la péninsule armoricaine fait apparaître que pour réaliser ces pendeloques et perles, les Néolithiques n’ont pas exploité la source de varis-
cite la plus proche (Pannecé en Loire-Atlantique) mais celles de la péninsule Ibérique.
Ainsi sont mises en évidence des circulations de matières premières et d’objets sur des
centaines de kilomètres