Perception, plasticité et vie sociale : les apports d'un modèle animal - Université de Rennes Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2008

Perception, plasticité et vie sociale : les apports d'un modèle animal

Résumé

Si le recours aux modèles animaux est classique dans les domaines de la physiologie, de la neurobiologie ou de la psychologie comparée, les modèles utilisés se restreignent généralement aux rongeurs, modèles traditionnels, ou aux primates de par leur proximité génétique avec l’espèce humaine. Ceci est particulièrement vrai de toutes les études sur la cognition pour lesquelles la logique suggèrerait que de proches parents phylogénétiques partagent davantage de processus. N’est cependant pas prise en compte l’importance, de plus en plus en plus affirmée par les phylogénéticiens, des phénomènes d’homoplasie (similarités acquises indépendamment du lien phylogénétique : Martins, 1996 ; Deleporte, 2002). Des convergences, c’est-à-dire des adaptations fonctionnelles similaires, peuvent en effet apparaître dans différentes lignées en réponse à des conditions similaires (socioécologiques par exemple), ce qui n’implique pas nécessairement que les structures sous-jacentes et les mécanismes en jeu soient identiques en tout point. Cette approche est particulièrement intéressante quand on s’intéresse au langage et à la communication vocale en général. C’est essentiellement chez les oiseaux chanteurs et les mammifères marins que se recrutent les meilleurs modèles de développement du langage en termes d’apprentissage, de plasticité et d’influences sociales sur l’acquisition des structures et usages. Il est généralement admis que les primates non humains utilisent de leur côté des signaux vocaux fixes et innés (Seyfarth et Cheney, 1997), même si une certaine flexibilité semble admise maintenant (Oller et Griebel, 2008). Dans ce contexte, il est classique de considérer le développement du chant chez les oiseaux chanteurs comme un excellent terrain d’étude du développement du langage. Le chant assure chez les oiseaux des fonctions de communication dans le cadre de la reproduction et de la vie sociale. Il s’agit d’un comportement appris et un jeune oiseau chanteur isolé sera incapable de produire un chant normal à l’âge adulte. Comme l’avait souligné Marler (1970), les parallèles avec le développement du langage humain incluent : des stades de développement bien déterminés (babillage/préchant), des périodes privilégiées d’apprentissage (« périodes sensibles»), la nécessité d’un modèle auditif mais aussi d’un feedback auditif (ajustement entre le modèle entendu et ses propres productions). Ces convergences se sont encore enrichies avec la découverte d’une importance des influences sociales sur l’apprentissage du chant (Baptista et Petrinovitch, 1986), certaines espèces n’apprenant que d’un modèle vivant avec qui le jeune peut établir un lien (Baptista et Gaunt, 1997). Pepperberg (1985) a proposé qu’il puisse y avoir chez l’oiseau, comme chez l’homme, un modelage social de l’apprentissage (Bandura, 1977). Des phénomènes de plasticité insoupçonnés sont apparus sous l’influence de facteurs sociaux : extension des périodes sensibles, apprentissage de signaux non spécifiques en particulier.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01328831 , version 1 (08-06-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01328831 , version 1

Citer

Martine Hausberger, Jean-Emile Gombert. Perception, plasticité et vie sociale : les apports d'un modèle animal. R. Jouvent & G. Chapouthier. La cognition réparée ? Perturbations et récupération des fonctions cognitives, pp.163-178, 2008, 978-2735111459. ⟨hal-01328831⟩
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